Portrait Jean-Noël Ducki par Marielle Girard

  Vous vous définissez comme un « ouvrier-photographe », et effectivement, outre votre activité de photographe vous avez été entre autres : conducteur d’engins de damage, conducteur de télésièges, mais aussi gardien de refuge, accompagnateur de moyenne montagne, initiateur escalade, et toutes ces dernières années berger. On le voit à votre parcours, la montagne c’est votre domaine (une de vos fiertés : avoir fait la deuxième hivernale du couloir des italiens Face Nord.)

Si la montagne est un des fils conducteur de votre la vie, la photographie et l’art du portrait semble être un autre fil qui vous relie aux hommes (genre humain) comme en témoignent, par exemple, les portraits de gens du voyage du livre « Dikhav » auquel vous avez collaboré.

Vous travaillez régulièrement avec Michel Etiévent, qui parle de vos photographies en ces termes à propos de votre exposition « objets d’une vie » : « On connait la qualité du travail photographique de Jean-Noël Ducki. Précision et sensibilité doublées d’une remarquable mise en scène de l’image. Cette chair surtout qu’il pose dans la photo comme une émotion ou une caresse. ».

Cela résume assez bien ce que l’on ressent, nous les néophytes, devant vos photos aux sujets plutôt peu vendeurs : les ouvriers, par exemple. Des portraits sans « clichés », plutôt humanistes et paradoxalement poétiques : On est ému, sans comprendre (le propre de la poésie). On devine des vies qui défilent dans un regard, une posture. On ressent une forte présence au monde devant ces portraits qui ne trichent pas…

Introduction à la soirée rencontre avec Jean Noël Ducki vendredi 16 novembre 2014 Médiathèque de Gilly sur Isère.

« Le travail » : photographie et textes de  Jean-Noël Ducki (lecture par le théâtre du Sycomore)

L’usine où je suis né…

L’usine où je suis né : atelier de fonderie, coulée de fonte, éclats de lumières, atelier de chaudronnerie, coups de masse et de marteaux, les mains et les visages des hommes qui composent leurs propres tableaux.
La vie où je suis : avec les paysans , s’enrichira d’autres scènes dans un autre univers, où le paysage et l’animal laissent des empreintes.


Le bonhomme où je suis né : mon oncle, ouvrier militant, dessine au fusain, expose dans la salle d’attente d’un médecin.


A douze ans mon cahier d’actualité, travail extra scolaire dirigé par une Institutrice qui demande de retenir des photographies est un exemple.


Un lieu où j’existe à 22 ans : la Maison de la culture de Grenoble, le bureau de l’animation littéraire où travaille Philippe de Boissy. On s’écrit on s’est rencontré on se rencontre demain.


Je m’ouvre à une variation de l’écriture : Philippe Roman met en scène mes textes avec l’atelier théâtre de la MJC de Chambéry. Je me retrouve avec le théâtre action, CREAC, de Grenoble aujourd’hui compagnie Rénata Scant.
C’est là, que je travaille avec l’image. Je lis tout, regarde d’autres photographes et auteurs de photographies.

Ai-je été fondeur ? Non

Ai-je été chaudronnier ? Non.
Ai-je été paysan ? A peine

Ai-je écrit ? oui, à la Maison de la culture, « lis et travaille » me disait-on.
Ai-je été comédien ? pas vraiment

Ai-je à douze ans été un photographe ? Oui Où ? Dans ma tête avec la vie des autres en images..